12 janvier 2023, comme un coup du destin, dix ans jour pour jour des incendies des
grands marchés de Lomé et de Kara, le Général Félix Abalo Kadanga, ancien chef d’Etatmajor des Forces armées togolaises (FAT) de 2013 à 2020, est arrêté et gardé à vue apprend-on de plusieurs sources concordantes, sans que le Procureur Général près la Cour d’appel de Lomé ne se fende en un communiqué comme à l’accoutumée quand il
s’agit de la traque des opposants.
Le Général Félix Abalo Kadanga est entouré d’un halo de crimes et de violations massives des droits de l’Homme dont le dernier fait d’arme odieux est l’assassinat du Colonel Toussaint Madjoulba, commandant de la Brigade d’intervention rapide (BIR) dont il serait l’auteur présumé au lendemain de l’investiture controversée sur fond de
parjure de Faure Gnassingbé cramé dans les urnes pour un 4ème mandat au forceps d’un quintuple coup d’État électoral, militaire, judiciaire, diplomatique et médiatique.
La rupture du silence sépulcral entourant cette arrestation survenue au lendemain du démantèlement de la haute hiérarchie militaire du régime infâme, advient quelques semaines plus tard sur une radio locale par la voix d’un député : tentative de coup d’État de rectification, incendies des grands marchés de Lomé et de Kara en complicité avec le Général Titikpina, assassinat d’un mineur tué par balle à bout portant lors d’une manifestation de l’opposition en 2017 entre autres chefs d’accusation.
Alors qu’il est annoncé une parodie de justice militaire typique des dictatures, survient donc un rebondissement non des moindres dans la criminelle affaire des incendies des grands marchés de Lomé et de Kara avec la dernière sortie du principal accusé, Mohammed Loum. Ce dernier tout en saluant l’arrestation du Général Kadanga, décrit le scénario par lequel la dictature néocolonialiste avait décidé de brûler les marchés, pour s’en servir comme
alibi afin de décapiter l’opposition réunie en 2012 au sein du Collectif Sauvons le Togo (CST) perçu comme une grave menace au maintien de la junte togolaise. Il rétitère qu’en dehors du Général Kadanga, le Général Titikpina, le Colonel Massina, Dame Ingrid Awadé et plusieurs conseillers de Faure Gnassingbé ont participé au montage et à
l’exécution de l’ignominieux crime national.
Faut-il rappeler que les incendies criminels des grands marchés de Lomé et de Kara il y a dix ans de cela sont restés sans suite judiciaire. Même les enquêtes conduites par la France sont également classées sans suite. Rappelons que ces incendies ont détruit un pan de l’économie nationale que représentaient les femmes du grand marché de Lomé notamment les nanas Benz, brisé de nombreuses vies et familles avec des morts tant parmi les détenus politiques dont Etienne Yakanou, que du côté des commerçants, des paralysés, des traumatisés à vie, des faillites en série sans compter les dégâts collatéraux !
Le narratif mensonger et grotesque présenté au moment des faits en 2013 par les
dramaturges particulièrement le Général Yark Damehane, alors Directeur de la
Gendarmerie nationale n’a guère résisté à l’épreuve des faits avec les révélations de
Mohammed Loum, principal accusé de l’instruction.
Sur le fronton du registre du greffe de ce dossier au Tribunal de Grande Instance de Lomé est inscrit « Affaire Agbéyomé Kodjo et les autres », tout comme si Agbéyomé Kodjo était le principal accusé dans ce dossier, alors que je fus injustement accusé d’avoir reçu un coup de fil d’un militant de l’opposition. On m’arrêta avant d’arrêter deux jours plus tard mon appelant incriminé qui avoue m’avoir appelé, sans réponse, ce que des enquêtes chez l’opérateur mobile Togocell confirmeront.
Plusieurs arrestations eurent lieu avec pour cible l’étêtement de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS), ancêtre du Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) avec l’arrestation du premier vice-président Gérard Adja puis du Président Agbéyomé Kodjo. Je suis arrêté le 16 janvier 2013, après un encerclement de mon quartier et le saccage de mon domicile par une horde de forces de sécurité et de défense (FDS) en violation de la Constitution de la République sans la levée de mon immunité. Gérard Adja quant à lui arrêté le dimanche 13 janvier 2013 à sa sortie de messe devant sa femme et ses enfants, fit six mois dans les geôles de l’oppression.
À sa question de savoir « pourquoi vous m’arrêtez ? ». Réponse : « votre boss est au courant ». Dans ce feuilleton, les stars ont pour noms les Capitaines Akakpo, Yanani et Agbenda, tous en service à l’époque des faits au Service de recherches et d’investigations (SRI), actuel Service central de recherches et d’investigations criminelles
(SCRIC). J’ai passé 40 jours de détention à la gendarmerie nationale subissant toutes formes de torture dans des conditions inhumaines et dégradantes que la pudeur m’interdit de décrire. Une cellule dont les murs repeints avec une substance TOXIQUE me fut réservée pour libérer le bureau du Capitaine Yanani. C’était la cellule de la mort. Cette occurrence fut évitée grâce à la solidarité d’un gendarme et à l’intervention musclée des proches de la famille auprès de Faure Gnassingbé. Il a fallu en outre l’implication de Jean Marie Cambadellis, premier Secrétaire général du Parti Socialiste français et plus tard du Président de la République française, François Hollande pour que je puisse être libéré le 25 février 2013 nuitamment à minuit.
Deux semaines plus tard à la suite d’une demande d’autorisation de sortie du territoire national, on m’informa qu’il y aura une ultime confrontation avec Mohammed Loum dans le bureau du Doyen des juges d’instruction, assisté du Procureur de la République et de mes avocats. Avant le début de la séance, Mohammed Loum reçut un coup de fil et on l’invita à sortir à cet effet. Il révéla plus tard que c’est Faure Gnassingbé qui l’appela et l’exhorta à accepter tout ce que les juges lui demanderont. La parole fut donnée au greffier de lire le chef d’inculpation de Mohammed Loum. On y apprend au nombre des chefs d’accusation, que l’opposition a mis en place des groupes armés au Ghana, au Bénin et au Burkina Faso dans le but d’envahir le Togo pour assassiner Faure Gnassingbé. Pendant ce temps, un convoi militaire apprêté par le Général Kadanga devant me conduire à la prison civile de Mango, était en place dans l’enceinte du Palais de Justice de Lomé.
À la fin de la lecture, j’ai demandé à poser quelques questions à Mohammed Loum. « Est-ce que tu t’es rendu une fois chez moi ? » Réponse : « non ». « Est-ce que je me suis rendu une fois chez toi ? » Réponse : « non ». « Est-ce que je t’ai une fois appelé au téléphone ? » Réponse : « non ». « Est-ce que tu m’as une fois appelé au téléphone ? » Réponse : « non ». « Est-ce que toi et moi nous nous sommes rencontrés une fois ? » Réponse : « oui ». « À quel endroit ? » Réponse : « À la plage après un meeting du CST ». Et de poursuivre : « vous avez fait une belle prestation et au moment de votre départ, beaucoup de jeunes vous ont accompagné à la voiture pour vous féliciter, y compris moi ». Après il enchaîne : « Je ne veux pas être à l’origine de la mort de quelqu’un. Monsieur le Doyen des Juges, Monsieur le Procureur, je ne veux pas être à l’origine de la mort de quelqu’un, le document dont le greffier vient de donner lecture n’est pas de moi. C’est le capitaine Akakpo qui vous a remis une clé USB contenant le document que vous m’attribuez et dont le greffier vient de donner lecture ». Pris de panique, un des magistrats s’est levé et s’est dirigé à l’extérieur, déclarant en kabyé : « ce garçon nous a trahis ». Ainsi s’acheva la confrontation qui démontre sans conteste l’instrumentalisation politique de la justice togolaise pour le maintien du régime de Faure Gnassingbé.
Les tenants de l’ordre maléfique sont prêts à détruire par tous les moyens ceux qui luttent
pour un Togo de justice, de paix et de progrès. Le pouvoir infâme connaissait le mobile et les acteurs de ce drame aux conséquences humaines, économiques, sociales et spirituelles graves pour la Nation tout entière. Il en est d’ailleurs le commanditaire mais il faut détruire l’opposition notamment un de ses leaders Agbéyomé Kodjo, le seul chef de parti du CST avec son adjoint Gérard Adja, curieusement écroués dans cette affaire criminelle pour laquelle les efforts de saisine des juridictions internationales belges par le Patriarche de la Nation, SE Monseigneur
Philippe Fanoko Kpodzro, ont été plombés paradoxalement par Me Ata Zeus Ajavon, Coordonnateur du CST à l’époque des faits.
Dix ans plus tard, aucune prescription ne saurait être tolérée dans cette grave et odieuse
affaire criminelle qui a atteint la Nation tout entière dans le tréfonds de son âme spécialement les Femmes togolaises.
La gouvernance par la terreur et la peur persiste en raison de la démission en rase campagne d’une classe politique attachée à ses privilèges et prébendes, à son siège pour la prochaine élection qu’à la défense des valeurs républicaines et de l’intérêt supérieur du Peuple togolais et de la Nation tout entière. Elle persiste aussi en raison de la domestication de toutes les institutions par l’autocrate aux fins de la conservation permanente du pouvoir. Elle l’est aussi par le silence coupable des organisations régionales et continentales de même que la complaisance affichée des partenaires traditionnels du Togo. Toutefois c’est dans la plus grande détresse que l’aide la plus puissante se manifeste !
FINI la terreur et la peur, FINI l’impunité et la destruction de la Terre de nos Aïeux ; proclamons l’Ensemble à la face du monde !
Debout avec vaillance Femme togolaises pour que justice te soit faite !
Debout Peuple togolais et en Avant toute pour le parachèvement de notre lutte souverainiste au seuil de la célébration du 63ème anniversaire de l’indépendance du Togo, le 27 avril 1960.